La Flûte à bec ou flûte douce, flûte d’Angleterre, flûte droite

Facture de la flûte à becflute, flute à bec, flute d`angleterre, flute droite, histoire, anatomie, description, origines, historique, instrument, musique, vent, bois
Instrument à vent de la famille des bois, on peut définir, d'une manière générale, la flûte à bec comme un tube dont l'extrémité basse est ouverte et l'extrémité haute presque fermée par un bouchon. Le souffle passe donc par un étroit canal, se dirige vers une ouverture et vient buter contre le tranchant aigu d'un biseau formant ainsi des vibrations. Une partie de l'air produit est récupérée par le tuyau, le reste est rejeté à l'extérieur. C'est la coupure de la lame d'air par le biseau qui produit le sifflement.

Des trous sur les parois de ce tube, fermés ou ouverts par les doigts, modifient la hauteur du son. La différence majeure entre la flûte à bec et les autres instruments à bouchon, tel que le pipeau, le galoubet, le flageolet, est la présence d'un "trou d'octaviation". Manipulé par le pouce, diamétralement opposé aux sept autres trous, celui-ci permet l'émission des octaves aigües.

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Origines et évolutions
On ne sait pas vraiment quand est née la première flûte à bec. A en croire les légendes, son origine remonte à l'âge où l'homme a sculpté un os pour en faire un instrument de musique. Un premier mythe raconte qu'à la suite d'une bataille entre deux peuples, l'un des survivants du clan vainqueur, pour proclamer sa victoire, sculpta une flûte dans le tibia d'un ennemi mort au combat. Un autre nous parle d'une histoire d'amour entre un homme et une femme : à la mort de celle-ci, pour l'immortaliser, l'homme aurait taillé une flûte dans l'un des os de sa bien-aimée. Plus vraisemblablement, un moment vint sans doute, très loin dans l'histoire, où certains  musiciens ont ressenti le besoin de moyens d'expression plus variés, plus étendus que la voix. La nature elle-même donnait l'idée d'une telle destination, puisqu'un souffle de vent suffit à faire vibrer l'air dans une tige de roseau. De la première période de l'histoire de la flûte à bec, dans la forme qui nous est familière, c'est-à-dire avec sept trous supérieurs et un trou inférieur, nous possédons peu de documents. Nous en ignorons donc tant la date que le lieu de "naissance" précis. C'est dans les iconographies du XVème siècle que sont représentées les premières illustrations de flûtes à bec.

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On connaît beaucoup plus de choses sur la flûte à bec à l'époque Renaissance que sur la flûte médiévale. D'abord parce que nombre d'instruments de la Renaissance ont été retrouvés, mais également grâce aux différents traités sur la musique et les instruments publiés à l'époque. Entre la fin du XVème siècle et la première moitié du XVIIème siècle, la famille des flûtes à bec est composée de nombreux membres. Sur le célèbre tableau de Michael Praetorius, on trouve neuf tailles différentes d'instruments : la grande basse en Fa, la basse en Si bémol, le basset, le ténor, une alto en Fa, une en sol, une soprano en Ré, une en Do, la petite flûte en Sol ou exilent. Cette gravure se trouve dans le deuxième livre (1620) de son "Syntagma Musicum", un ouvrage encyclopédique traitant de la théorie et de la pratique musicale.

flute, flute à bec, flute d`angleterre, flute droite, histoire, anatomie, description, origines, historique, instrument, musique, vent, boisLa flûte à bec connait sa plus grande popularité à l'époque baroque entre 1650 et 1750 (env.). Vers 1660, elle subit des changements que l'on attribue généralement à la famille des Hotteterre, établie à la Couture-Boussey en Normandie, et devient alors un instrument construit en trois corps (ce qui facilite l'accord avec les autres instruments). Parallèlement aux transformations extérieures, on constate des changements dans la perce qui vont de pair avec des modifications dans les doigtés. L'ensemble est devenu plus fin, plus étroit. La conicité de la perce permet de doter l'instrument de trous plus petits.

La perce conique modifie aussi la sonorité car elle favorise la richesse en harmoniques. Son jeu devient plus facile, le son plus fin et centré. Si l'ensemble est moins puissant en raison de sa plus grande finesse, la richesse du timbre donne une impression de volume. Ces transformations donnent à la flûte à bec une place de choix au sein de l'orchestre baroque et favorisent un répertoire soliste et brillant de sonates, fantaisies et concertos généralement écrit pour la flûte alto.

Son utilisation à travers les siècles
Pour réaliser des interprétations convaincantes des oeuvres anciennes, il faut non seulement que les flûtistes à bec aient une bonne préparation musicologique - connaître les différentes articulations, agréments et diminutions aux différentes époques, - mais il leur faut posséder des instruments adéquats. Un petit nombre de facteurs fabriquent entièrement à la main, chaque année, une poignée de telles flûtes à bec. Ce sont des flûtes conçues avec un souci de ressemblances phoniques et visuelles avec les flûtes à bec de l'époque Renaissance ou Baroque. Parmi les fabriquants flute, flute à bec, flute d`angleterre, flute droite, histoire, anatomie, description, origines, historique, instrument, musique, vent, boisles plus connus : Joel Arpin, Vincent Bernolin, Philippe Bolton, Jean Luc Boudreau, Henri Gohin, Francesco Livirghi, Bruno Reinhard… 

La flûte à bec a été utilisée dans la musique savante profane et religieuse du XVème siècle (voire avant) jusqu'au XVIIIème siècle, et est alors figurée sur de nombreux tableaux et mobiliers - on peut en admirer quelques exemples sur les vasques du bosquet de la salle de bal au château de Versailles. Jusqu'au XVIIIème siècle, le terme "flûte" désigne alors principalement la flûte à bec, alors qu'on ajoute pour d'autres les qualificatifs "traversière" ou "allemande". Puis la flûte à bec tombe dans l'oubli. Car au début du XVIIIème siècle, personne n'a l'idée d'aller écouter de la musique dans une grande salle et le concept du concert, activité d'échange entre des exécutants et un auditoire, ne fait qu'émerger. Les prestations en public se développent peu à peu, et des instruments d'une sonorité plus forte et en même temps capables d'une expression plus variée deviennent nécessaires. La flûte à bec, aussi bien que la nouvelle flûte, ne peut exprimer une telle gamme de nuances, car l'émission du son se forme au niveau du biseau et non au niveau de l'embouchure : le flûtiste à bec ne peut donc pas faire varier le son qu'il produit autant qu'un flûtiste traversière ou un hautboïste.

Ce n'est que vers la fin du XIXème siècle que l'on s'intéresse de nouveau à l'instrument. À l'époque, l'attrait pour les instruments de musique se développe dans deux directions : d'une part, des hommes comme Adolphe Sax et Theobald Boehm en inventent de nouveaux ; d'autre part, des chercheurs essayent de retrouver la nature des instruments plus anciens. Les exposés, conférences, récitals de flûte à bec se multiplient.